Romann Ramshorn est un photographe français, né en 1977 à Brive-la-Gaillarde d'un père allemand et d'une mère dont les origines mènent à la Prusse-Orientale. Il grandit en Périgord dans une maison en pleine nature, sans voisin, eau ni électricité courante, avec la forêt comme principal horizon. Un vécu original qui marquera profondément son imaginaire et sa représentation du monde.
En 1985 ses parents s'installent en Corrèze où ils ont fondé un studio de photographie publicitaire. Brive est une cité tranquille, mais cette ouverture à la ville suffit à apporter une double identité à un adolescent aussi sensible aux saisons et à la terre qu'aux cultures urbaines.
En 1996, il part étudier à Bordeaux. Il y obtient une licence en Philosophie en 1999, pour finalement se consacrer à la photographie.
A la croisée des techniques actuelles, Romann réalise ses prises de vue en argentique, développe lui-même ses flms, tout en les numérisant ensuite avec un scanner dédié aux négatifs. Habité par le souvenir, travaillé par son temps, son univers tantôt fortement graphique, tantôt granuleux, flou et sombre, dissimule des tensions multiples et inconciliables. Une vision complexe, au rendu parfois simplifé à l'extrême, qui s'écrit au long de voyages à la fois oniriques et solitaires, le plus souvent à travers les campagnes délaissées, mais aussi sur le froid trottoir des villes.
Longtemps dans la veine des photographes voyageurs, Romann revient finalement poser ses bagages à Brive en 2013. Un retour aux sources qui lui a permis de publier en 2021 « Lueurs cendrées », un livre qui retrace son parcours dans un récit hors du temps, entre atmosphères et humeurs du monde.
Romann Ramshorn est membre de l'agence Millenium à Londres depuis 2008, et du studio Hans Lucas à Paris depuis 2013.
Son travail à la fois classique et singulier s'inscrit dans le courant "subjectif" de la photographie.
◾Expositions : les expositions réalisées, ainsi que les prix, parutions et publications
◾Diaporamas : des diaporamas vidéos de mes photos, accompagnés de musiques originales
Série "Je reviens tout à l'heure" / 2017-2018
Pendant des années, j'associais la photographie au voyage lointain, au dépaysement, à cette étrange sensation qui se lève de l'autre côté des frontières.
Aujourd'hui, sur les terres où je vis, je parcours à pieds les sentiers, à travers les bois et les champs. La Corrèze est une terre intime, secrète et timide. Ce n'est pas une nature spectaculaire, démesurée, et ce sont justement ses délicates proportions, ses variations mystérieuses, sa douce sauvagerie, qui me parlent tant.
Alors, à l'heure des circuits courts et des productions locales, c'est finalement chez moi que j'ai décidé de voyager.
Au rythme de ces longues marches, l'intensité d'espaces discrets et profonds m'envahit, et parfois je crois sentir qu'il n'est pas possible qu'une telle harmonie s'offre à moi, si simplement, car cette idée fait éclater mon coeur trop petit en autant de minuscules fragments d'un monde qui se serait accidentellement confié à moi, laissant derrière lui les carcasses de vies entières déjà disparues.
"Je reviens tout à l'heure" parle de la découverte de mon propre monde, d'un vécu direct où, pas à pas, mes sens ont peu à peu repris la main sur le cerveau, les habitudes, les doutes et les craintes. Quand enfin je suis parvenu à simplement vivre là où je suis.
Série "Eldorado" / 2005-2017
L'Espagne, pays des grands espaces, est ici principalement rendue par des murs aveugles et des vues enfermées. La domination des lignes, des volumes, des jeux d'ombres, semble prendre le pas sur tout autre type de préoccupation. L'équilibre des compositions rassure.
Pourtant, il s'agit bien d'une expérience, d'un questionnement sans concession du territoire espagnol. Comme dans beaucoup de régions du monde, l'exode rural y a été très rapide, et surtout très massif. Des milliers et des milliers de villages et de petites villes se retrouvent aujourd'hui totalement endormis. Autour, les terres sont toujours aussi vastes, mais elles sont devenues inutiles ou défigurées par le remembrement.
A travers un formalisme apparemment froid et distant, l'impasse du développement urbain sans fin est traitée de manière détournée, loin des banlieues interminables et laides, loin des programmes de construction inhumains et démesurés. Ici, cette impasse est symbolisée par la récurrence de la thématique du mur, figure de l'obstacle, de la fin de parcours. Les petites ouvertures, les perspectives vers le ciel ou l'horizon, la présence plus marquée du paysage au fur et à mesure de la narration, indiquent finalement une sorte d'optimisme mélancolique.
L'esthétique de cet Eldorado est une invitation à venir reconquérir tous ces territoires délaissés, beaux et tragiques comme un amour perdu.
Le texte de la série :
Chacun son Eldorado. Le mien se situe en Espagne. Ce qui fait de moi une sorte de deconquistador, ou un conquistador à l'envers, si l'on veut. Avec tout de même un point commun, la quête insensée d'un mythe, d'un simple mirage. Et l'or qui m'appelle, ce sont des visions, puissantes, directes, jaillissant en panoramique de ces vastes terres pleines de silences et de matières.
Plateaux arides, montagnes lointaines, routes sans fin, villages isolés, voici mon Far West imaginaire, l'espace de conquête de toutes mes obsessions. L'Espagne de la poussière, du soleil et du vent. L'Espagne de Sergio Leone, immense, brute, filmique. L'Espagne qui me saute aux yeux, qui m'assaille et me hante. Celle qui m'oblige à tourner sans cesse, traversant sans m'arrêter des régions entières, fonçant à l'instinct, comme attiré par les oasis où je pourrais enfin épancher une soif originelle.
Mon Eldorado est espagnol, dressé dans un décor d‘asphalte, de murs opaques et de déserts humains. Entre inspiration et hypnose, j'y photographie le film que je finis par être persuadé de vivre. Un film d'aventure, intense et intime, sans histoire ni héros, avec pour simple scénario une petite légende :
« Ne pensez pas à ce que vous voyez, voyez ce que vous pensez. »
Série "Hopeless, Athènes 2012"
La crise économique, politique et sociale qui s'abat sur la Grèce fait froid dans le dos. Dans le collimateur des bailleurs de fonds et des spéculateurs, elle se retrouve en première ligne d'une guerre sans merci, mais aux enjeux très clairs : placer le dogme de la dette au sommet indepassable de tout raisonnement macro comme micro économique ; enterrer le principe de redistribution des richesses ; détruire le modèle social européen, perçu comme un frein à la dérégulation mondiale ; faire accepter des salaires de plus en plus bas aux travailleurs, quelle que soit leur nationalité.
Le sensationnalisme inhérent à la presse et aux média les pousse à se focaliser sur la lutte des grecs, les manifestations, les émeutes, les face à face, les cris enragés. Ce focus est un leurre. Les grecs sont de très loin dépassés par ce qui leur tombe sur la tête. Pour la grande majorité d'entre eux, ils ne luttent pas, ils sont KO.
Tenter de traduire la situation qui règne en ce moment à Athènes, c'est se heurter à la machine de guerre la plus efficace qui soit : la résignation. Et si cette résignation, cet abattement de tout un peuple est bel et bien visible, palpable, elle ne s'explique pas avec des images chocs.
Voilà pourquoi j'ai choisi un angle distant, pudique, car au final la tragédie qui se joue échappe aux hommes et aux femmes que l'on croise, qui eux ne cherchent qu'à survivre au cataclysme annoncé. Voilà pourquoi la suggestion, le hors-champ, sont les éléments clés de ce reportage. Car ici, les décisions, aussi cruciales soient-elles, semblent être prises loin du quotidien des habitants, hors de portée du commun des mortels. Dont acte.
24 photographies, à chaque fois informées par un petit texte :
Série "Beyond New York" / 2009
Cette série n'est plus présente sur le site. Malgré tout, je laisse ici le texte qui l'accompagnait, car son esprit avait quelque chose de tout à fait complémentaire avec la série sur Athènes.
Crises, attentats, scandales financiers, rebondissements permanents, réussites spectaculaires... Alors, comment vas-tu, New York ? Combien de temps peut-on ainsi rester éternel ?
New York. Tour à tour ville superficielle, cynique, arrogante, infâme, puis, la seconde d'après, ville magique, captivante, tolérante, inventive. Assailli d'entrée de jeu par mille pensées, rapidement saturé d'images, je marche dans le Bronx, sur les longues avenues de Midtown, écumant Manhattan block par block. Les jours passent, je suis dépassé, et un peu ivre. Peut-être que le virus me gagne, moi aussi. Dans les vents froids de décembre, je sens ces millions de consciences animales transpirer, déterminées à survivre dans un invraisemblable concentré du monde moderne.
Un monde dont la silhouette mythique et gigantesque s'est dressée en ramifiant toutes les excroissances possibles de Wall Street. Comme une concrétion architecturale et délirante de toute l'exploitation financière que subit l'écrasante majorité des travailleurs. Alors, je lève les yeux vers ces mastodontes de fer et de béton, et tout d'un coup j'y devine comme l'aplomb puissant et contradictoire d'un immense iceberg. Stable, mais condamné à la dérive. Laissant couler derrière lui une sensation inconnue, celle de vivre la décadence d'un monde, et son âge d'or en même temps.
Ephémère, éternelle, New York, la ville paradoxe. A l'arrachée, presque douloureusement, j'en ai saisi des fragments emplis du grain noir que j'avais en tête. Des fragments bénis, et maudits à la fois, qui in fine racontent un bout de notre histoire à tous.
Série "Ces étrangers... que nous sommes" / 2005-2012
Entretien avec Gérald Vidamment, rédacteur en chef de Compétence Photo
G - Plusieurs années ont été nécessaires pour réaliser les photographies que constitue la série Ces étrangers... que nous sommes. Comment est née l'idée de les rassembler ? Ce point commun qui les unit toutes a-t-il germé sur le tard ou bien as tu nourri une quête, peut être inconsciemment, qui a mené à cette série ?
R - Trois séries ont disparu pour créer "Ces étrangers... " : une sur New York, une sur la photo de rue, et une autre sur des compositions décalées. Lors de la fusion, la sélection s'est opérée d'elle-même, car dans les trois, la notion de perdition, d'étrangeté, revenait sans cesse. Cela ne fonctionnait pas avec toutes, mais en en éliminant un peu plus de la moitié, j'avais ma nouvelle série ! Donc oui une sorte de quête inconsciente rôdait depuis plusieurs années, mais l'idée fédératrice ne s'est révélée que plus tard.
G - Comment as-tu sélectionné les images de cette série ? Elles sont si diverses, si opposées en apparence... D'Istanbul à Montalivet-les-Bains...
R - Pour moi elle traduisent un même sentiment, celui d'une certaine difficulté à s'approprier le milieu dans lequel nous vivons. Perdus, masqués, cachés, dépassés, fatigués, tendus, réduits à des ombres, à des silhouettes, mes "personnages" ont tous un peu de mal à se situer, voir à exister par et pour eux-même. Pour eux, le monde est devenu trop complexe pour s'y épanouir tout à fait, où qu'ils soient. Même les trois personnes sur le toit terrasse de la mosquée de Mardin, en costume, semblent trop aspirés par leurs préoccupations pour être sensibles au paysage derrière eux, ou à la symbolique spirituelle du monument sur lequel ils marchent. C'est cette fragilité là que j'ai voulu retranscrire, des Hommes photographiés à l'intérieur d'une structure formelle plus ou moins rigide qui, elle, renvoie, en résumé, à la pression normative et régulatrice ambiante.
G - Avec cette série, tu inverses les rôles, plaçant celui qui se déplace dans le rôle de l'étranger. Plus encore, tu démontres que nous sommes tous des étrangers. Est-ce là l'occasion de se remettre en question, de s'interroger sur soi-même et sa relation avec l'autre ?
R - Je ne crois pas avoir inverser les rôles ! Lorsque je suis à Istanbul, et que je photographie un Turc, c'est bien moi l'étranger, pas lui ! Mais il ne s'agit pas juste de dire que nous sommes tous l'étranger de quelqu'un. Je pense surtout que nous sommes devenus étrangers à nous-même, à notre propre environnement. La standardisation des modes de vie, la communication de masse, la rapidité foudroyante avec laquelle le monde a évolué en un peu plus d'un demi-siècle, tout cela n'a pas eu que des effets positifs ! La question de l'identité, qu'elle soit intime ou culturelle, a été profondément bouleversée. Le divertissement et la consommation, omniprésents, cherchent à tenir lieu de repères et de valeurs, et les conséquences de ce constat sont nombreuses. Tout cela devrait engager différents niveaux de remise en question, et à mon sens le premier serait d'accorder de l'attention et du temps à soi-même et à ses proches !
G - Selon toi, comment dépasser ce stade de l'étranger ?
R - En ce qui me concerne, lorsque je voyage, je ne cherche absolument pas à dépasser mon statut d'étranger. Au contraire, cet état fait partie de ma source d'inspiration. Je ne veux pas devenir autre, je recherche juste une expérience pleine et entière de l'autre, et pour cela je dois tenter de rester moi-même. Et c'est là toute la difficulté ! Moi aussi je suis pris dans le tourbillon, je me perds, je m'égare... Alors le vrai défi serait de partir à sa propre reconquête, et de remettre l'humain et la nature dans nos vies de tous les jours ! Dès que j'ai la solution, promis, je te passe immédiatement un coup de fil !
Série "Istanbul Hüzün" / 2005-2010
Fascinante, chaotique, sidérante, voici Istanbul, ville-monde magnétique, hors-normes, traversant les siècles tel un mythe soufflant sans cesse sur ses braises, ravivant mystérieusement le miracle de son propre rayonnement.
Oui, voici Istanbul, l'histoire d'une ville déchue, reconstruite frénétiquement sur l'abîme de son passé, et qui révèle, à côté de la circulation infernale, de sa foule impressionnante, un visage intime, rêveur, qui s'évade et qui s'oublie. Parfois les beautés les plus profondes sont celles qui s'empreignent de la plus impénétrable tristesse, et de la plus incroyable épopée. Ainsi l'Hüzün, cette mélancolie tout à fait turque, semble saisir tout un peuple, balancé entre fierté d'être et nostalgie d'avoir été. En particulier à Istanbul, où ce spleen vient se cristalliser jusque dans le plus dérisoire témoin de sa splendeur disparue.
Peut-être alors l'aura de l'ancienne Byzance ou de la vieille Constantinople vient-elle se rappeler aux esprits des héritiers d'une ville anciennement capitale d'immenses empires, et dont la légende et la gloire passées animent encore l'âme secrète de ses habitants.
Peut-être aussi le Bosphore interroge-t-il toujours et encore, à chaque vision, chaque traversée, sur une cité unique qui a pris la liberté d'hésiter entre plusieurs continents.
Peut-être enfin est-ce tout simplement le lot commun de toute mégapole, où l'humain cherche sa place dans la foule, dans des espaces urbanisés démesurés, et où il finit comme partout à n'être plus qu'une ombre, un reflet ou une silhouette perdue dans son univers.
« Istanbul Hüzün » propose une vision des humeurs d'une ville rattrapée dans sa course par son aura collective. Surpris dans une attitude, dans une pensée, les Stambouliotes y livrent des figures de méditation, d'interrogation, dévoilant des tableaux où le temps paraît se suspendre à lui-même. Comme pour mieux se rejoindre, et se retrouver.
Série "Le champ des choses" / 2006-2018
L'articulation du fond et de la forme, aussi fondamentale soit-elle, reste une donnée parfaitement énigmatique. Le point de vue adopté dans cette série revendique et explore la limite sensée séparer ces deux concepts. La philosophie, de Platon à Kant ou Hegel, se plait à distinguer le phénomène de la chose en soi, à isoler la vérité des apparences. Mais est-ce vraiment à la portée d'un être humain ? Pouvons-nous réellement accéder au monde tel qu'il est, ou bien sommes-nous toujours en présence de systèmes de représentation plus ou moins alambiqués ou perfectionnés ?
La photographie, par nature, est une représentation. Dans une photographie, nous savons ce que nous voyons, uniquement dans la mesure où nous le reconnaissons. Le sujet, le contenu d'une photographie, d'évidence, n'est qu'une apparence, une image de la chose, destinée à être interprétée et comprise par celui qui regarde. Mais la photographie, en tant qu'objet, est bel et bien une photographie, c'est-à-dire elle est pour elle-même sa propre vérité. De telle sorte qu'une photographie contient et condense l'opposition conceptuelle entre vérité et apparence, entre fond et forme. Voilà l'idée du "champ des choses", prendre acte d'une contradiction, ne pas chercher à la dépasser, accepter l'ambiguïté du monde et des phénomènes.
Il existe un parallèle entre chaque photographie et le photographe qui l'a prise. "Toute photographie est un autoportrait." Je n'échappe pas à cette règle. Un Homme est deux. A savoir il est un moi social, qui lui sert à évoluer dans la société, à se positionner, à exister. C'est son paraître, son apparence. Il est aussi un moi intime, difficile à cerner, pour lui-même comme pour ses proches, qui serait son moi véritable. J'ai remarqué que mon moi social donnait à voir une personne structurée, calme, posée. Mes photographies apparaissent comme cela. Mais je sais combien mon moi intime est bien plus inquiet et mouvementé. Une piste de plus pour tenter de comprendre ce qui au final n'est absolument pas voué à l'être.
Reflexions sur l'essence de la photographie et la singularité de la photographie noir et blanc argentique.
En argentique, une émulsion photosensible réagit proportionnellement à la quantité de lumière absorbée sur chaque partie de sa surface. Des ions et des atomes se structurent. Le processus est simple, en affectant un support, la lumière y sculpte son impact.
En numérique, le procédé est en soi identique, à la différence près que le capteur encode la lumière sous forme de signaux électroniques qu'un processeur traite pour créer une image. En cela, le numérique se rapproche plus de la vision humaine, des données traduites et interprétées par le cerveau. L'argentique, lui, enregistre physiquement la mémoire de la lumière, et son équivalent naturel serait plus le fossile que la vue.
Fondamentalement, la photographie est un dérivé du réel. Elle conserve une trace, une empreinte limite de ce qui a été. Le monde est radicalement saisi avec une simplicité déconcertante. En seulement deux dimensions, la photographie enferme l'espace et le temps. Il est impossible de simplifier d'avantage le réel, sans perdre le réel.
La profusion de photographies ne dilue pas son mystère. Par nature, elle se distingue de tout autre mode d'expression. Une photographie est le résultat d'une chose photographiée. Autrement dit, l'existence d'une photographie présuppose l'existence de son sujet.
Par sa surface concrète, l'argentique matérialise cette relation sujet/objet. Une fois révélé, un négatif incarne la magie du procédé photographique, comme une preuve ambiguë que la collision a bien eu lieu.
Le noir et blanc symbolise un parti-pris, longtemps marque de fabrique, de la photographie. Vis-à-vis du réel, une photographie noir et blanc déclare son indépendance sitôt son résultat obtenu, quand la couleur prolonge l'illusion de sa subordination.
La photographie dérive du réel, aussi pour se réaliser pleinement elle doit s'affranchir de son sujet, c'est-à-dire l'appréhender comme objet, afin de devenir elle-même son propre sujet.
Un photographe ne fixe jamais la réalité, il enregistre une vision.