"Sans poésie, la photographie serait une erreur."
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Volets ouverts lumière allumée
Je n'oublierai jamais
La nuit tendre et profonde
La nuit des colombes
Nos corps enlacés
Je n'oublierai jamais
Cette impossible seconde
Cette impensable seconde
Exactement mon rêve
Si souvent rêvé
Toute une vie
Tant de jours
Des mois et des années
Nos corps carressant la sève
Du premier baiser
Au loin
Entre les portes de l'orage
Le serpent roi se glissait
Tu le sais
En silence
Eclatait la bombe
Mon cœur qui succombe
Juste d'être là
A tes côtés
Toi tu disais
Ce sera sans lendemain
La fin dès le reveil
Déjà du passé
Moi
Bien plus que la veille
Je t'idéalisais t'idolâtrais te désirais
J'ai mis longtemps à comprendre
Qui tu étais
Mais je n'oublierai jamais
Que c'est bien toi
Ta douceur ta noirceur ta saveur ta chaleur
Toute la force
De ta fragilité
Tout le bonheur
Derrière l'amère écorce
Des vents mauvais
Non, je n'oublierai jamais
Notre nuit de miel
La nuit des tourterelles
Ni celles d'après
Volets ouverts
Lumière allumée
Non, je n'oublierai jamais
Que c'est bien toi
Que j'ai aimée.
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Cygne
J'ai fermé les yeux
avant qu'ils ne clignent
là où le vent s'est levé
là où s'arrête la ligne
j'ai fermé les yeux
et je n'étais plus hêtre
ni peuplier
j'ai juste fermé les yeux
j'ai vu un cygne
en papier plié.
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Au pain dégueulasse
A la boulangerie
Du pain dégueulasse
La boulangère me sourit
C'est cocasse
Bonjour comment allez-vous
Bien merci et vous
Elle a l'air sincère la boulangère
Et elle sait très bien que je veux du pain
Et c'est toujours le même refrain
Qu'est-ce que je vous sers
Un tas de baguettes sur le comptoir
A portée de la main
Servez-moi de la pluie et du beau temps
J'en veux pour quatre francs
Mais c'est beaucoup plus cher
Les nuages, le soleil et le vent
Me répondit-elle naturellement
Oh, il ne faut pas se laisser impressionner
Par les éléments
Tenez, je vous les achète pour la lune
Comme ça
Tout le monde est content
La lune, la terre, l'air et même l'océan
Qui en a marre des marées
Qui en a marre des vents
Et le monde entier fera la fête
A cette nouvelle lune
Qui tourne en souriant
Du sourire de nos têtes
Heureuses comme des enfants
Mais la boulangère légère me coupe
Dans mon élan
Bon, je ne vais pas faire la météo
Eternellement
Même du haut de la lune
Même pour faire le printemps
Du reste
Je crois que vous ne comprenez pas bien
Regardez
C'est écrit sur la glace
Moi, ici
Je vends du pain
Du pain dégueulasse.
Pour info, sachez qu'il existait réellement une boulangerie "Le pain dégueulasse" rue Sainte-Colombe à Bordeaux, boulangerie bien fameuse en son temps.
Rien nous sépare
Dès que je te vois
C'est plus fort que moi
Il y a comme un petit rien
Qui me retient
Tu es si proche pourtant
Tu es là
Mais un rien suffit
Parfois
Et oui, du néant
Rien s'en suit
Et du rien
Rien non plus
N'est-ce pas
Or moi dans ma tête tout est absent
Quand je te vois
Tout part dans un trou noir vers d'autres temps
A chaque fois
Et je suis là
Complètement coi
Toi du coup
Tu sais tout
Sur moi
Tu sais le tout du rien du tout
La totalité du rien tout entier
En effet
Ainsi peut-être ne sauras-tu jamais rien de tout ça
De ce rien
Qui est tout pour moi
Peut-être aussi cela te suffit-il déjà
Ce vide
Pourtant à deux doigts d'être plein
Rempli de tes propres mains
Ou comblé d'un baiser
Qui sait.
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Le sommeil
Accueillir le sommeil
Est aussi dur que de le quitter
Chaque matin
C'est pire que la veille
D'ailleurs
Des gens ont parié
Que je finirais par me réveiller
En début de soirée
Mais
Il faut vivre à ses heures
Leurs ai-je rétorqué
Et qu'y puis-je
Si les miennes sont variées ?
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Des pages et des pages
T'écrire des pages et des pages
Pour qu'au jour le jour
S'effeuille notre amour
T'écrire des pages et des pages
Si seulement j'en avais le temps
Si au moins je connaissais ton visage
Evidemment.
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Et après ?
Au milieu de tout
A deux pas du rien
Nous avons chacun repris notre chemin
Main dans la main
La tempête est passée
Les arbres sont décimés
D'autres déracinés
Et dans ce carnage aux couleurs de guerre
Nous nous sommes promenés
Comme dans un cimetière
Où notre amour serait enterré
Cataclysme ou renouveau
Sûrement un peu des deux
Comme on dit
La vie c'est l'eau
Et donc
Quand il pleut
Il fait beau
Alors
Que l'amour tombe du ciel
Comme des chats et des chiens
Qu'il fasse germer le gland du chêne
Dans le creux de nos mains
Plus tard
Nous le mettrons en terre
A la place de ces pins
Et nos enfants joueront
Dans cette forêt plus belle que jamais
Ils y chanteront des chansons
Celles qui berçaient nos baisers
Mon amie
Tout ce qui est vrai
Renait de ces cendres
Notre amour l'était
Dis-moi qu'il nous suffit d'attendre.