Le géographe parle de diagonale du vide, mais le vide n'est pas en diagonale, c'est un volume, une matière, une perspective qu'aucune frontière, aucune carte n'arrête. Le vide, c'est un mur sans fin derrière lequel l'humain se cache par habitude, par peur, par honte et par ignorance. Le vide, c'est l'aboiement absurde d'un chien interminable à travers une place déserte, quand le vent souffle la rumeur de l'automne, et que le platane ne parvient plus à retenir ses feuilles. Le vide, c'est une totalité incontournable, celle qui nous fait face, qui est là, partout, où que l'on aille, c'est cette démultiplication, cet autre qui n'est jamais véritablement autre, ce même qui se répète indéfiniment, sans jamais vraiment se répéter, c'est cette image qui nous hante, ce rêve récurrent qui s'abat sur nos âmes, et qui finit par s'imposer comme la seule et unique fiction possible.
Parti-pris radical, « Vive la France » rassemble 90 photographies représentant chacune un des départements de la France rurale et métropolitaine. Loin de tout patrimoine et de tout folklore, sans âme qui vive, son approche systématique se fait sous l'angle des murs et des façades, symboles aussi banals que métaphoriques des tournures étranges de l'existence.